Tourcoing: au cœur de l’Ensemble Vocal Orphée

Article paru dans le Nord Éclair sur la chorale de Tourcoing, Ensemble Vocal Orphée

Des hommes en costume, des femmes en robe longue de gala. C’est ainsi que j’imaginais le monde des chorales. Alors je me suis glissée dans une répétition de l’ensemble vocal Orphée, à Tourcoing.

J’ai dû rayer le côté formel de mon esprit : la trentaine de chanteurs, habillés normalement, bavardent en attendant les dirigeants. C’est en discutant avec Margot que je prends connaissance des vertus du chant. Présente dans la chorale depuis six ans, cette femme de 69 ans souffre d’asthme, maladie que l’on imagine difficilement compatible avec le chant. Que nenni. Margot prenait nombre de pilules chaque jour pour se soulager et, après quelques heures à chanter, miracle : elle a pu arrêter complètement les médicaments. «  J’ai appris à respirer différemment et à me tenir droite  », affirme-t-elle.

Les deux dirigeants, Fabian Flament et Baptiste Vandevoghel, arrivent. C’est rare qu’ils soient présents tous les deux ensemble. Leur trentaine de protégés a donc de la chance. «  C’est comme une garde partagée  », plaisante la présidente, Colette Vanderstichel.

Finie la plaisanterie – pour le moment. Place au travail. Cinq minutes d’échauffement sont nécessaires pour exercer sa voix. Mais ça, c’est valable pour ces amateurs avertis. Avec mon mal de gorge, cinq minutes, c’est déjà beaucoup trop. «  Il faut que ça vibre  », fait remarquer Fabian. Le problème, quand on en est à sa première séance, et malade en plus, c’est que ça vibre un peu trop. On va donc s’en tenir à l’observation. Tout le monde a sa partition sous les yeux. Surprenant puisque, de l’aveu de Baptiste Vandevoghel, «  beaucoup ne savent pas distinguer une noire d’une blanche. Ils voient que les notes descendent et ont les paroles  ».

Malgré tout, les sopranes se lancent en entonnant un morceau de Madame Butterfly de Giacomo Puccini. Je suis impressionnée par la qualité des voix, mais les quelques défauts inaudibles pour moi ne le sont pas pour le chef. Fabian explique aux chanteuses que «  la note ne doit pas descendre en pente douce, mais de la même manière que des marches, par à-coups  ». Et là, c’est la surprise pour la néophyte que je suis : je n’aurais pas parié une seconde sur cette méthode pour sortir des notes claires comme du cristal.

Après les sopranes, c’est au tour des altos, des basses et des ténors de passer devant le professeur. Enfin, c’est l’heure de rassembler toutes les voix. Et c’est à ce moment précis que la magie opère. Chaque groupe a sa particularité, mais ensemble, les sonorités n’en forment qu’une.

Après cette première œuvre, c’est l’heure de la pause. Blandine, qui participe à sa première séance, tente de prendre le rythme. Elle sait que ça viendra au fur et à mesure, mais une chose est certaine : «  Je vais revenir  », dit-elle. Les discussions s’enchaînent devant une bière ou une tasse de thé et c’est reparti pour une heure à chanter à pleins poumons.

Article paru dans le Nord Éclair, le 1er décembre 2016

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